samedi 4 août 2012

Seuls

Seuls de Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann

Seuls est une série de BD que je suis depuis plusieurs années mais la sortie du dernier tome m’a donné envie d’en parler.

Yvan, Leïla, Camille, Terry et Dodji sont 5 enfants entre 5 et 12 ans. Ils habitent la même ville, mais ne se connaissent pas. Jusqu'au jour où, un matin, ils constatent que leur ville est déserte. Tout le monde a disparu de façon inexpliquée. Les communications sont coupées. Ils se retrouvent seuls.
Errant dans la ville à la recherche de leurs pairs, ils vont se trouver et tenter de survivre ensemble dans cette grande ville abandonnée. Après les premières frayeurs et l'incompréhension, les enfants se laissent vite aller à la liberté qui leur est offerte. La ville, en dehors de sa solitude inquiétante, devient pour certains un terrain de jeu!
Mais, même si le mystère de la disparition générale met du temps à se mettre en place, on comprend que la menace plane sur le petit groupe et que les choses ne vont pas être aussi facile qu'elles ne semblent l'être tout d'abord.

Au fur et à mesure des albums, et des révélations, l’histoire devient plus angoissante et la partie mystérieuse se développe. Aux frontières du fantastique, du policier et de l’aventure jeunesse – façon Goonies- cette BD, qui prend pour inspiration les grands classiques de la science-fiction, est extrêmement bien ficelée.

Cette série, qui compte sept albums à ce jour, s'inscrit dans la grande lignée des œuvres qui tentent, chacune à leur manière de répondre à la question : et que ferions-nous sans les adultes, livrés à nous-mêmes.

Contrairement à ce que le premier aperçu pourrait laisser croire, cette BD est aussi bien pour les jeunes que pour les adultes avec une double lecture très bien exploitée. À noter tout de même certaines scènes un peu dures et cruelles, l'album a pourtant reçu le Prix Jeunesse à Angoulême.

samedi 30 juin 2012

Bonjour tristesse

Bonjour tristesse de Françoise Sagan 

Bonjour tristesse  prend pour cadre la côte d’azur effervescente du début des années 50.
Ce livre court nous décrit quelques semaines de l’été de la jeune Cécile qu’elle passe avec son père Raymond et sa compagne Elsa dans une villa loué pour les vacances. À 17 ans, la jeune fille entretient une relation quasi-fusionnelle avec son père, qui la pousse avec lui dans un quotidien bourgeois, ou l’on aime se distraire et faire des rencontres. Les jours passent, rythmés par les soirées alcoolisées et les longues après midi au bord de l’eau. Mais ces paisibles vacances vont bientôt être chamboulé par l’arrivée d’Anne Larsen, une amie de la famille qui vient troubler cette indolence et cette insouciance languissante. Car Anne, contrairement aux jeunes maîtresses écervelées et superficielles de son père, est une femme distinguée et intransigeante sur l’éducation d’une jeune fille. Cécile ne supporte pas l’idée de devoir renoncer à sa liberté et sa vie nonchalante qu’elle connaissait avant son arrivée.
Commence la mise en place d’une sombre machination pour écarter la menace que représente cette femme dans sa vie.

Objet d’un véritable scandale dans les années 50, on découvre en Cécile une jeune héroïne aux mœurs indécentes, s’autorisant des relations sexuelles sans tomber enceinte et sans être mariée. Même si cela peut porter à sourire par rapport à aujourd’hui, rappelons qu’en 1954 il n’était question ni d’avortement ni de contraception.

Le style de Françoise Sagan est, je trouve, terriblement moderne. Sans fioritures, simple, à l’aide de courtes phrases énergiques, le ton est vif et donne le tempo nécessaire au déroulement d’un récit tout aussi épuré.
Elle est vraiment douée pour créer une atmosphère à partir de quelques phrases simples et légères. On ressent très bien la chaleur étouffante de l’été, les odeurs de la côte d’azur ou encore la sensation du soleil sur la peau.

Ce livre est un roman agréable doté d'une intrigue claire et absorbante, et de la spontanéité et la fraîcheur de la jeunesse. Une jolie lecture d’été qui se lit d’une traite.

dimanche 17 juin 2012

Hate List

Hate List de Jennifer Brown

Valérie tente de se reconstruire après le drame qui a ébranlé son lycée. Nick, un étudiant, a commis l'irréparable en ouvrant le feu sur les élèves dans le foyer à l'heure du repas, faisant de nombreuses victimes avant de se suicider. Mais pour Valérie, Nick n'était pas qu'un étudiant parmi d'autres, mais son petit ami avec lequel elle avait rédigé la liste de la haine. Cette liste regroupait ceux qui les humiliaient et les méprisaient, et ce sont justement eux, que Nick a pris pour cibles. Entre sentiment de culpabilité et d’incompréhension, Valérie est complètement perdue et se mue dans le silence. Jusqu'au jour, où elle doit se lever et quitter sa chambre pour retourner au lycée.

L’auteur, Jennifer Brown, nous fait vivre l’histoire à travers les yeux de la petite amie du coupable, et cela permet de percevoir le drame sous un angle différent. On s’intéresse ici à Valérie, un personnage rongé par le doute sur sa responsabilité dans la tuerie et le choque de ne pas avoir pu voir les intentions de Nick et de ne pas l’avoir empêcher. Mais lorsqu’elle doit sortir de sa bulle et retournée sur les lieux du drame, elle va devoir affronter les regards des autres et se reconstruire.
Au fil de l’histoire, on se rend compte que, même si Valérie est le personnage central, on suit la reconstruction de l’entourage de la jeune fille qui a également souffert, que ce soit les victimes, ses amies, son petit frère ou ses parents et c’est, je crois ce qui m’a le plus bouleversé. Personne n’épargne la jeune fille dont l’implication dans la tuerie est toujours doutée, c’est assez dur et en même temps très juste, les émotions sont parfaitement dépeintes.

Un sujet sensible inspiré par l’actualité pas si lointaine aux Etats-Unis où les tueries ne sont pas des phénomènes si rares. 
On pourrait s’attendre à ce que l’auteur tombe dans la mièvrerie voir le pathos mais non Jennifer Brown à une plume à la fois sensible et acérée qui colle parfaitement avec l’histoire de Valérie.
En conclusion, Hate List est un roman puissant où les émotions percutent le lecteur et où la réalité prend le pas sur la fiction.

vendredi 18 mai 2012

Sa majesté des mouches

Sa majesté des mouches
de William Golding

Un groupe d'enfants, de 8 à 12 ans, se retrouve après un accident d'avion sur une île déserte. La vie petit à petit va devoir s'organiser, mais avec les connaissances, les compétences, les mentalités propres à leur âge. 

Le roman va raconter la vie de ces garçons sur cette île, l’organisation de leur survie, les querelles internes, les luttes de pouvoirs et leur adaptation à une vie de liberté complète dans un endroit où les règles de la civilisation et la société ne s'appliquent pas.

Si au début un chef émerge naturellement et qu'un semblant d'ordre se met en place, notamment pour l’entretien d’un feu visible pour d'éventuels secours, bien vite, la peur des éléments inconnus, dans une nature menaçante, pleine de bruits, d'ombres et de mouvements inexpliqués, perturbent ces jeunes esprits et certains en profitent pour se rebeller et scinder le groupe.
La liberté côtoie la cruauté, la peur s'immisce dans les esprits les plus faibles, et l’on sent que la barbarie va faire surface, à un moment ou un autre.

Le comportement et les réactions des enfants sont tellement bien étudiés et tellement réalistes que c’est un peu effrayant. William Golding nous montre un visage hideux de l’innocence, et fait part de son pessimisme sur la nature de l’être humain.

Un livre dérangeant et sombrement somptueux où des passages très durs succèdent à des pages de pure poésie.
Et si certains feront clairement le parallèle avec la série tv Lost c’est que les auteurs se sont très largement inspirés de ce roman, de ses personnages, aux événements et même au mystère entourant l’île.

mardi 1 mai 2012

Walking Dead

Walking Dead
de Robert Kirkman et Charlie Adlard

Voilà une série de comics qui a connu un succès que l'on peut qualifier de phénoménal, mais dont je ne m’étais pas vraiment intéressé jusqu’ici. Mais après avoir lu deux romans autour de l’univers des zombies, je me suis laissé tenter.

On suit les aventures de Rick, un jeune policier qui se réveille d’un coma et qui ne peut que constater que son monde à changer. Perdu et inquiet pour sa famille, il erre à la recherche d’autres vivants.
Il est vrai que l'histoire de base n'a pas grand-chose d'original, mais ça fonctionne et même mieux que ça puisque l'on ne peut plus se détacher de ce groupe d'humains qui malgré les tragédies vont tenter peu à peu de se reconstruire dans ce monde qui leur est étranger.

On se laisse très facilement happer par l'univers des auteurs qui nous propulse dans un monde post-apocalyptique infesté de mort-vivants. Reprenant le mythe de ces dévoreurs de chaire, l’histoire est construite autour d'un seul fil conducteur : la survie.
Mais ce qui est vraiment différent ici, c’est que les zombies ne sont qu'un prétexte à l'exploration des relations humaines. Dans un monde où tous les repères ont disparu et où plus aucune structure sociale n'est là pour protéger les individus, on se rend vite compte à la lecture de ce premier tome, que ce ne sont pas les zombies les plus dangereux dans l'histoire.

Le scénario est admirablement maîtrisé. Robert Kirkman entraîne les personnages dans leur retranchement et crée des situations plus que réalistes des attitudes humaines dans des conditions extrêmes de tension, de faim ou de fatigue.
Quant au graphisme, il est d'une extrême noirceur réaliste, notamment dans les expressions des visages, ce qui accentue la tension de l’histoire.

En résumé, ce premier tome s'avère très convaincant. Une nouvelle série totalement addictive, la preuve, je lis déjà la suite !