samedi 4 août 2012

Seuls

Seuls de Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann

Seuls est une série de BD que je suis depuis plusieurs années mais la sortie du dernier tome m’a donné envie d’en parler.

Yvan, Leïla, Camille, Terry et Dodji sont 5 enfants entre 5 et 12 ans. Ils habitent la même ville, mais ne se connaissent pas. Jusqu'au jour où, un matin, ils constatent que leur ville est déserte. Tout le monde a disparu de façon inexpliquée. Les communications sont coupées. Ils se retrouvent seuls.
Errant dans la ville à la recherche de leurs pairs, ils vont se trouver et tenter de survivre ensemble dans cette grande ville abandonnée. Après les premières frayeurs et l'incompréhension, les enfants se laissent vite aller à la liberté qui leur est offerte. La ville, en dehors de sa solitude inquiétante, devient pour certains un terrain de jeu!
Mais, même si le mystère de la disparition générale met du temps à se mettre en place, on comprend que la menace plane sur le petit groupe et que les choses ne vont pas être aussi facile qu'elles ne semblent l'être tout d'abord.

Au fur et à mesure des albums, et des révélations, l’histoire devient plus angoissante et la partie mystérieuse se développe. Aux frontières du fantastique, du policier et de l’aventure jeunesse – façon Goonies- cette BD, qui prend pour inspiration les grands classiques de la science-fiction, est extrêmement bien ficelée.

Cette série, qui compte sept albums à ce jour, s'inscrit dans la grande lignée des œuvres qui tentent, chacune à leur manière de répondre à la question : et que ferions-nous sans les adultes, livrés à nous-mêmes.

Contrairement à ce que le premier aperçu pourrait laisser croire, cette BD est aussi bien pour les jeunes que pour les adultes avec une double lecture très bien exploitée. À noter tout de même certaines scènes un peu dures et cruelles, l'album a pourtant reçu le Prix Jeunesse à Angoulême.

samedi 30 juin 2012

Bonjour tristesse

Bonjour tristesse de Françoise Sagan 

Bonjour tristesse  prend pour cadre la côte d’azur effervescente du début des années 50.
Ce livre court nous décrit quelques semaines de l’été de la jeune Cécile qu’elle passe avec son père Raymond et sa compagne Elsa dans une villa loué pour les vacances. À 17 ans, la jeune fille entretient une relation quasi-fusionnelle avec son père, qui la pousse avec lui dans un quotidien bourgeois, ou l’on aime se distraire et faire des rencontres. Les jours passent, rythmés par les soirées alcoolisées et les longues après midi au bord de l’eau. Mais ces paisibles vacances vont bientôt être chamboulé par l’arrivée d’Anne Larsen, une amie de la famille qui vient troubler cette indolence et cette insouciance languissante. Car Anne, contrairement aux jeunes maîtresses écervelées et superficielles de son père, est une femme distinguée et intransigeante sur l’éducation d’une jeune fille. Cécile ne supporte pas l’idée de devoir renoncer à sa liberté et sa vie nonchalante qu’elle connaissait avant son arrivée.
Commence la mise en place d’une sombre machination pour écarter la menace que représente cette femme dans sa vie.

Objet d’un véritable scandale dans les années 50, on découvre en Cécile une jeune héroïne aux mœurs indécentes, s’autorisant des relations sexuelles sans tomber enceinte et sans être mariée. Même si cela peut porter à sourire par rapport à aujourd’hui, rappelons qu’en 1954 il n’était question ni d’avortement ni de contraception.

Le style de Françoise Sagan est, je trouve, terriblement moderne. Sans fioritures, simple, à l’aide de courtes phrases énergiques, le ton est vif et donne le tempo nécessaire au déroulement d’un récit tout aussi épuré.
Elle est vraiment douée pour créer une atmosphère à partir de quelques phrases simples et légères. On ressent très bien la chaleur étouffante de l’été, les odeurs de la côte d’azur ou encore la sensation du soleil sur la peau.

Ce livre est un roman agréable doté d'une intrigue claire et absorbante, et de la spontanéité et la fraîcheur de la jeunesse. Une jolie lecture d’été qui se lit d’une traite.

dimanche 17 juin 2012

Hate List

Hate List de Jennifer Brown

Valérie tente de se reconstruire après le drame qui a ébranlé son lycée. Nick, un étudiant, a commis l'irréparable en ouvrant le feu sur les élèves dans le foyer à l'heure du repas, faisant de nombreuses victimes avant de se suicider. Mais pour Valérie, Nick n'était pas qu'un étudiant parmi d'autres, mais son petit ami avec lequel elle avait rédigé la liste de la haine. Cette liste regroupait ceux qui les humiliaient et les méprisaient, et ce sont justement eux, que Nick a pris pour cibles. Entre sentiment de culpabilité et d’incompréhension, Valérie est complètement perdue et se mue dans le silence. Jusqu'au jour, où elle doit se lever et quitter sa chambre pour retourner au lycée.

L’auteur, Jennifer Brown, nous fait vivre l’histoire à travers les yeux de la petite amie du coupable, et cela permet de percevoir le drame sous un angle différent. On s’intéresse ici à Valérie, un personnage rongé par le doute sur sa responsabilité dans la tuerie et le choque de ne pas avoir pu voir les intentions de Nick et de ne pas l’avoir empêcher. Mais lorsqu’elle doit sortir de sa bulle et retournée sur les lieux du drame, elle va devoir affronter les regards des autres et se reconstruire.
Au fil de l’histoire, on se rend compte que, même si Valérie est le personnage central, on suit la reconstruction de l’entourage de la jeune fille qui a également souffert, que ce soit les victimes, ses amies, son petit frère ou ses parents et c’est, je crois ce qui m’a le plus bouleversé. Personne n’épargne la jeune fille dont l’implication dans la tuerie est toujours doutée, c’est assez dur et en même temps très juste, les émotions sont parfaitement dépeintes.

Un sujet sensible inspiré par l’actualité pas si lointaine aux Etats-Unis où les tueries ne sont pas des phénomènes si rares. 
On pourrait s’attendre à ce que l’auteur tombe dans la mièvrerie voir le pathos mais non Jennifer Brown à une plume à la fois sensible et acérée qui colle parfaitement avec l’histoire de Valérie.
En conclusion, Hate List est un roman puissant où les émotions percutent le lecteur et où la réalité prend le pas sur la fiction.

vendredi 18 mai 2012

Sa majesté des mouches

Sa majesté des mouches
de William Golding

Un groupe d'enfants, de 8 à 12 ans, se retrouve après un accident d'avion sur une île déserte. La vie petit à petit va devoir s'organiser, mais avec les connaissances, les compétences, les mentalités propres à leur âge. 

Le roman va raconter la vie de ces garçons sur cette île, l’organisation de leur survie, les querelles internes, les luttes de pouvoirs et leur adaptation à une vie de liberté complète dans un endroit où les règles de la civilisation et la société ne s'appliquent pas.

Si au début un chef émerge naturellement et qu'un semblant d'ordre se met en place, notamment pour l’entretien d’un feu visible pour d'éventuels secours, bien vite, la peur des éléments inconnus, dans une nature menaçante, pleine de bruits, d'ombres et de mouvements inexpliqués, perturbent ces jeunes esprits et certains en profitent pour se rebeller et scinder le groupe.
La liberté côtoie la cruauté, la peur s'immisce dans les esprits les plus faibles, et l’on sent que la barbarie va faire surface, à un moment ou un autre.

Le comportement et les réactions des enfants sont tellement bien étudiés et tellement réalistes que c’est un peu effrayant. William Golding nous montre un visage hideux de l’innocence, et fait part de son pessimisme sur la nature de l’être humain.

Un livre dérangeant et sombrement somptueux où des passages très durs succèdent à des pages de pure poésie.
Et si certains feront clairement le parallèle avec la série tv Lost c’est que les auteurs se sont très largement inspirés de ce roman, de ses personnages, aux événements et même au mystère entourant l’île.

mardi 1 mai 2012

Walking Dead

Walking Dead
de Robert Kirkman et Charlie Adlard

Voilà une série de comics qui a connu un succès que l'on peut qualifier de phénoménal, mais dont je ne m’étais pas vraiment intéressé jusqu’ici. Mais après avoir lu deux romans autour de l’univers des zombies, je me suis laissé tenter.

On suit les aventures de Rick, un jeune policier qui se réveille d’un coma et qui ne peut que constater que son monde à changer. Perdu et inquiet pour sa famille, il erre à la recherche d’autres vivants.
Il est vrai que l'histoire de base n'a pas grand-chose d'original, mais ça fonctionne et même mieux que ça puisque l'on ne peut plus se détacher de ce groupe d'humains qui malgré les tragédies vont tenter peu à peu de se reconstruire dans ce monde qui leur est étranger.

On se laisse très facilement happer par l'univers des auteurs qui nous propulse dans un monde post-apocalyptique infesté de mort-vivants. Reprenant le mythe de ces dévoreurs de chaire, l’histoire est construite autour d'un seul fil conducteur : la survie.
Mais ce qui est vraiment différent ici, c’est que les zombies ne sont qu'un prétexte à l'exploration des relations humaines. Dans un monde où tous les repères ont disparu et où plus aucune structure sociale n'est là pour protéger les individus, on se rend vite compte à la lecture de ce premier tome, que ce ne sont pas les zombies les plus dangereux dans l'histoire.

Le scénario est admirablement maîtrisé. Robert Kirkman entraîne les personnages dans leur retranchement et crée des situations plus que réalistes des attitudes humaines dans des conditions extrêmes de tension, de faim ou de fatigue.
Quant au graphisme, il est d'une extrême noirceur réaliste, notamment dans les expressions des visages, ce qui accentue la tension de l’histoire.

En résumé, ce premier tome s'avère très convaincant. Une nouvelle série totalement addictive, la preuve, je lis déjà la suite !

vendredi 6 avril 2012

Vivants

Vivants d’Isaac Marion
Éditions Bragelonne

Ce n'est une surprise pour personne et on l'a énormément remarqué ces derniers temps, les romans fantastiques de vampires, d’anges et maintenant de zombies sont plus que présents dans les productions. Et dans ce genre les vraies perles sont difficiles à remarquer à côté d’autres oeuvres qui ne font que "surfer" sur le succès. Il existe pourtant quelques exceptions qui réussissent à marier l'originalité et le mythe tout en captivant le lecteur jusqu'au bout.

Dès les premières pages de Vivants, l'auteur nous entraîne dans un univers sombre et mystérieux, où le monde est scindé en deux catégories, les vivants, et les non-morts, autrement dit, les zombies, dont R fait partie.
R est un zombie qui vit dans un aéroport abandonné. Mais il est clair dès le départ que R n'est pas zombie ordinaire, contrairement aux autres, il se pose des questions et rêve. Le jour où R rencontre Julie, une vivante, et qu’il décide de la sauver des autres zombies, il va bouleverser  l’ordre des choses et ensemble ils vont devoir trouver des solutions pour retrouver un équilibre dans le monde.

Revisiter le mythe des zombies à la sauce sentimentale est un pari risqué qui choquera sûrement les fanatiques, mais il faut admettre que l’auteur apporte de la fraîcheur aux idées que l’on peut avoir des morts-vivants.
Son monde post-apocalyptique est extrêmement bien développé et l’on y croit. J’ai d’ailleurs vraiment apprécié que l’univers du récit soit à ce point développé notamment sur la façon de vivre quotidienne des vivants comme des zombies, ça nous plonge au cœur du roman et il est difficile de ne pas adhérer.

Isaac Marion, pour son premier roman, arrive à mélanger brillement le roman d’amour et l’humour noir et c’est ce qui fait toute l’originalité de cette histoire.

jeudi 29 mars 2012

Une année studieuse

Une année studieuse
d’Anne Wiazemsky
Éditions Gallimard

Nous sommes en 1967, Anne Wiazemsky est une jeune fille de bonne famille de 19 ans et sa vie ressemble à un film de la nouvelle vague. En effet, cette histoire, c’est celle de sa rencontre avec le cinéaste avant-gardiste Jean-Luc Godard et de leur passion dévorante malgré leur grande différence d’âge (17 ans)et les différences des milieux.

Mais ce récit évoque avant tout le passage de l’adolescence à l’âge adulte et l'apprentissage amoureux d'une jeune femme à la fin des années 60.
Mais au-delà de l’histoire d’Anne, c'est davantage l'arrière-plan culturel qui séduit dans ce récit autobiographique. On apprend à découvrir le personnage de Godard et l’on croise des grands noms de l’actualité culturelle des années soixante comme François Truffaut, Jean Vilar, Maurice Béjart ou encore Jeanne Moreau. Cette proximité que l’auteur nous offre avec ces personnalités nous entraîne dans un milieu qui fait rêver, surtout à cette époque de révolution culturelle.
À travers une plume étincelante, l’auteur nous fait vivre cette période chaotique des années de contestation où un parfum d’utopie et d’émerveillement flottait.


À plus de 60 ans, elle renoue avec l’innocence de sa jeunesse pour raconter la naissance de son premier amour qui, dans sa mémoire, se confond avec sa passion pour le cinéma.

samedi 17 mars 2012

L'étoffe des Légendes

L’étoffe des légendes de Mike Raicht, Brian Smith et Charles Wilson III
Éditions Soleil

1944, Brooklyn. Un enfant est enlevé par le croquemitaine qui l’emmène dans un royaume mystérieux nommé l’Obscur. Témoin de cet évènement, les jouets du jeune garçon décident alors de partir pour ce monde inconnu afin de sauver leur maître. À leur arrivée, ils se trouvent réincarnés dans leur propre personnage beaucoup plus réaliste : l’ours en peluche devient un animal féroce, le soldat de plomb un as de la stratégie militaire, le bouffon dans sa boîte un acrobate maniant parfaitement la hache… Sous ces nouvelles apparences, ils se lancent dans un combat éperdu contre les armées du croquemitaine.
 
Ne croyez surtout pas en lisant le résumé qu'il s'agit ici d'un conte pour enfant, loin de là.
Dès les premières pages, nous sommes mis dans l’ambiance avec l’enlèvement du  petit garçon, nous avons affaire à un récit sombre et terrifiant. D'ailleurs, à leur arriver dans le royaume du Croquemitaine les jouets sont aussitôt transformés, prenant ainsi une apparence beaucoup plus réaliste et surtout plus menaçante.
Les auteurs utilisent nos peurs d'enfant pour explorer nos angoisses d'adultes. Ce n'est donc pas une histoire destinée aux enfants, malgré les nombreuses références au monde du merveilleux.
 
Le scénario est assez sobre, mais se révèle très efficace grâce à la psychologie des personnages et la narration intelligente sans réel temps mort.
Mais la vraie force de cette BD, ce sont les dessins qui sont juste fascinants. L’illustrateur insuffle une propre identité à la série en choisissant une palette de couleur aux tons sépia, donnant une ambiance à la fois poétique et pesante.
 
L'étoffe des Légendes, mon coup de cœur BD de ce début d’année, est la rencontre entre Toy Story et Fables et nous offre une belle virée onirique dans le monde des jouets. La fin du premier tome nous laisse en haleine et nous espérons ne pas devoir attendre trop longtemps pour lire la suite.

mardi 6 mars 2012

Waterloo Necropolis

Waterloo Necropolis de Mary Hooper
Éditions les Grandes Personnes

Londres, 1861. Grace Parkes est une jeune orpheline de 16 ans qui tente de survivre avec sa sœur malgré leur pauvreté. Lorsque qu’elle embarque à bord de l’express funéraire Necropolis, en direction du cimetière de Brockwood, pour enterrer son enfant mort-né,
 elle ne se doute pas qu’elle y fera une rencontre décisive en la personne de Mr et Mrs Unwin, entrepreneurs de pompes funèbres, qui lui proposent de devenir pleureuse d’enterrement.
 D’abord réticente, la jeune fille se voit obliger d’accepter leur offre après qu’elle et sa sœur se retrouvent à la rue. Les deux sœurs vont devoir faire face aux manigances de cette famille peu honnête et vont découvrir le lucratif commerce des pompes funèbres.

Ambiance brumeuse du Londres du XIXe siècle, cimetières et pompes funèbres. Le décor est planté pour ce nouveau roman de Mary Hooper. On y retrouve tous les ingrédients du roman victorien typique entre orphelins, jeunes gens de bonne famille, prêteurs sur gage véreux et obscur brouillard londonien.

La différence avec les romans du genre, c’est qu’ici, l’auteur a choisi d’explorer un aspect mal connu, celui des surprenantes coutumes funéraires en vigueur à cette époque. Et, malgré ce sujet morbide, le roman est léger et vraiment drôle. Il  est porté par la détermination et le courage de Grace. On s’attache très vite à son parcours qui, par le talent d’une écriture soignée, emporte l’adhésion du lecteur dès les premières lignes.


Le réalisme de l’époque victorienne nous happe dans ce roman, on se croirait presque dans un roman de Dickens et c’est magique.

mardi 21 février 2012

Madame Hemingway

Madame Hemingway
de Paula MacLain
Éditions Buchet-Chastel

Ernest Hemingway fut un des auteurs les plus tourmenté et fascinant du 20e siècle. Et ce roman est l'histoire touchante et déchirante de son mariage avec sa première femme Hadley Richardson avec laquelle il s’est expatrié à Paris pour vivre une vie de bohème. À travers les yeux de la jeune femme, on découvre Ernest, un jeune homme dans la vingtaine  qui veut réussir et qui a un énorme besoin de reconnaissance. On est complètement plongé dans le Paris des années 1920, de la génération perdue et nous rencontrons des personnages fascinants tels que F. Scott et Zelda Fitzgerald, James Joyce, Gertrude Stein et  Ezra Pound.  Malheureusement pour Hadley, la vie de bohème des années folles ne se prêtait pas à la vie familiale et la fidélité. Et je ne pense pas que ce soir une grande révélation de dire que leur mariage n'aura pas duré, Hemingway était connu pour avoir eu quatre épouses et un nombre incalculable de maitresses.

Dans ce roman ce ne sont pas les personnages qui sont les plus fascinants.  Paula MacLain nous présente une épouse qui semble avoir peu de choses à dire sur elle-même. Hadley est soumise, passive, prête à tout ou presque par amour. On s’intéresse d’ailleurs moins à elle, censé être le personnage principal, qu’à Ernest qui, bien que détestable, égocentrique et inconscient, fascine par son charisme et sa légende.
Ce qui attire vraiment dans ce récit, c'est le Paris des années folles où, après une première guerre mondiale traumatisante, la ville semble magique à travers une brume alcoolisée.  Une atmosphère mélancolique et désenchantée malgré le clinquant de la vie festive parisienne.

Au final, c’est Paris est l’élément principal du roman et la toile de fond d'une histoire d'amour d'autant plus poignante sachant que, à la fin, Hemingway écrirait à propos de Hadley " I wish I had died before I loved anyone but her."

mardi 14 février 2012

Caresse de rouge

Caresse de rouge d’Eric Fottorino
Editions Gallimard

Colin a deux ans quand sa maman part. Ensemble, Felix et son fils essaie de s’inventer une famille et de trouver des stratagèmes afin de pallier à l’absence maternelle. Mais lorsque Colin réclame tous les soirs sa maman, Félix doit trouver des réponses, tout seul.
C’est de cette relation dont il sera question ici. Et de l’amour paternel qu’éprouvera Felix pour son fils qui deviendra son tout, sa raison de vivre.

Au fil des pages, on ressent la détresse de cet enfant en mal de mère et les efforts démesurés du père pour tenter vainement de combler le vide laissé.
L’atmosphère s’alourdit, mais comme avec un orage on ne sait pas quand et où il éclatera…
On comprend alors que, plus encore que l'enfant, c'est le père qui va mal, et que cette histoire va mal finir...

Ne vous laisser par duper par la douceur et l’apparente légèreté de l’écriture d’Eric Fottorino, ce roman surprenant et bouleversant n’est pas à mettre entre des mains sensibles.

La fin du livre est inattendue et dérangeante aussi. C’est un vrai coup de poing au ventre et on en ressort secouée.

mercredi 1 février 2012

Miss Pas Touche

Miss Pas Touche :
La Vierge du bordel
de Hubert et Kerascoët
Poisson Pilote

Dans le Paris des années 30, Blanche et Agathe sont deux sœurs très différentes. Si Blanche est timide et réservée, Agathe aime sortir danser dans les bals populaires, malgré le terrible tueur en série qui rôde dans le coin. Toutes les deux sont femmes de chambres et logent sous les toits, dans une mansarde. Une nuit, Blanche surprend le tueur dans la mansarde voisine… et c’est sa soeur qui se fait assassiner. Banche est renvoyée et dès lors ne désirera que venger sa sœur. Elle décide d’aller chercher du travail à la Pompadour, le bordel de luxe où la dernière victime était prostituée. Là, elle va devenir « Miss Pas Touche », celle qui ne vendra pas sa vertu... Elle mènera son enquête parmi les brutes et les pervers qui fréquentent le Pompadour.

C'est tout une époque et tout un univers que l'on découvre dans le très réussi premier tome de cette série sulfuro-policière palpitante. On a le côté policier qui est la base de l’intrigue mais qui nous permet aussi de découvrir le fonctionnement de la maison close et des mœurs de cette époque. Notre héroïne évolue au sein de ce milieu que l'on connaît mal mais que les dessins décalés au trait naïf et aux couleurs vives du duo Kérascoët, font revivre.
Les auteurs réussissent à nous plonger dans une ambiance fascinante, glauque et glamour à la fois.


Et malgré le sujet un peu chaud, les auteurs ne vont jamais du côté du voyeurisme ou de la vulgarité, et le récit de Blanche se lit très facilement.

vendredi 27 janvier 2012

L'année brouillard

L’année brouillard
de Michelle Richmond
Éditions Buchet-Chastel

Abby, photographe de 32 ans, doit bientôt épouser Jake qui vit seul avec sa fille de six ans, Emma. Lors d'une sortie à la plage de San Francisco, la petite échappe quelques instants à la vigilance de la jeune femme et disparaît dans le brouillard. L'enfer commence alors pour les proches. Les secours et les médias seront prévenus, beaucoup de personnes se mobiliseront pour retrouver la petite Emma. Mais, au fil des jours l’espoir de la retrouver s’amenuise et l’intérêt des medias et des voisins aussi. Seule Abby continue à persévérer, rongée par une immense culpabilité. Elle essaye à tout prix de se remémorer cette journée, les moments qui ont précédé le drame, les jours d'avant aussi, car elle sent qu'un indice s'y cache qui pourrait la guider vers la fillette.

Michelle Richmond décrit ce que devient le quotidien après la disparition, l’énergie déployée pour retrouver la petite fille, l’attention puis le désintérêt des media, les incertitudes et les doutes, le couple qui s’éloigne à mesure que le temps passe et que les chances de retrouver l’enfant diminuent.
Le point de vue est celui d’Abby, ses remises en question, sa manière de voir le monde et sa volonté absolue de retrouver Emma coute que coute. Le récit explore minutieusement le sentiment de culpabilité de la jeune femme, ses tentatives désespérées pour se souvenir de détails qui ont pu lui échapper. Le thème de la mémoire est récurrent de par son importance dans l’enquête.
Le texte est parcouru d’une tension permanente et les nerfs du lecteur sont à cran si bien  qu’on est tenté de regarder la fin juste pour se rassurer de l’issu du récit.

L'année brouillard est un roman prenant au thème douloureux mais vraiment réussi mettant en scène tout en retenue et en émotion ce drame. Michelle Richmond a fait un beau premier roman

lundi 16 janvier 2012

Locke & Key

Locke & Key de Joe Hill 
Éditions Millady Graphics

Locke & Key  est le titre d’une série de comics imaginé par Joe Hill, qui n’est autre que le fils de Stephen King, mélangeant superbement le Fantastique et de l’Horreur.

La famille de Tyler Locke vis une vie assez normale jusqu'à ce qu’ils soient témoins de l’assassinat particulièrement sauvage du père de famille. Choquée par l'évènement, la famille endeuillée part se réfugier auprès du frère du défunt dans leur vieille demeure familiale sur l’île de Lovecraft. Cet endroit recèle de nombreux secrets, et alors que Bode, le benjamin de la famille, explore le terrain, il va découvrir une clef qui lui ouvre une porte vers une autre dimension de la maison. À ce mystère va s’ajouter une force mystérieuse enfermée dans un puits depuis de nombreuses années et le meurtrier du patriarche qui revient dans la famille à la recherche d’un objet précis…   

Dès les premières illustrations, on entre dans l’univers de la famille Locke, où l’on fait connaissance avec eux aux travers d’un drame cruel. L’horreur s’abat d’un coup et la tension se ressent dès le début à travers les trois enfants Locke.

L'intrigue s'installe de suite et dévoile des brides d'une histoire bien sombre et captivante par son rythme haletant.   

Bienvenue à Lovecraft est le premier tome de cette série et s’il est surtout introductif, il le fait vraiment bien. On a envie d’en savoir plus sur le mystère des clés, car il ne se dévoile que très légèrement nous promettant certainement des tomes suivants tout aussi intéressants.