jeudi 29 mars 2012

Une année studieuse

Une année studieuse
d’Anne Wiazemsky
Éditions Gallimard

Nous sommes en 1967, Anne Wiazemsky est une jeune fille de bonne famille de 19 ans et sa vie ressemble à un film de la nouvelle vague. En effet, cette histoire, c’est celle de sa rencontre avec le cinéaste avant-gardiste Jean-Luc Godard et de leur passion dévorante malgré leur grande différence d’âge (17 ans)et les différences des milieux.

Mais ce récit évoque avant tout le passage de l’adolescence à l’âge adulte et l'apprentissage amoureux d'une jeune femme à la fin des années 60.
Mais au-delà de l’histoire d’Anne, c'est davantage l'arrière-plan culturel qui séduit dans ce récit autobiographique. On apprend à découvrir le personnage de Godard et l’on croise des grands noms de l’actualité culturelle des années soixante comme François Truffaut, Jean Vilar, Maurice Béjart ou encore Jeanne Moreau. Cette proximité que l’auteur nous offre avec ces personnalités nous entraîne dans un milieu qui fait rêver, surtout à cette époque de révolution culturelle.
À travers une plume étincelante, l’auteur nous fait vivre cette période chaotique des années de contestation où un parfum d’utopie et d’émerveillement flottait.


À plus de 60 ans, elle renoue avec l’innocence de sa jeunesse pour raconter la naissance de son premier amour qui, dans sa mémoire, se confond avec sa passion pour le cinéma.

samedi 17 mars 2012

L'étoffe des Légendes

L’étoffe des légendes de Mike Raicht, Brian Smith et Charles Wilson III
Éditions Soleil

1944, Brooklyn. Un enfant est enlevé par le croquemitaine qui l’emmène dans un royaume mystérieux nommé l’Obscur. Témoin de cet évènement, les jouets du jeune garçon décident alors de partir pour ce monde inconnu afin de sauver leur maître. À leur arrivée, ils se trouvent réincarnés dans leur propre personnage beaucoup plus réaliste : l’ours en peluche devient un animal féroce, le soldat de plomb un as de la stratégie militaire, le bouffon dans sa boîte un acrobate maniant parfaitement la hache… Sous ces nouvelles apparences, ils se lancent dans un combat éperdu contre les armées du croquemitaine.
 
Ne croyez surtout pas en lisant le résumé qu'il s'agit ici d'un conte pour enfant, loin de là.
Dès les premières pages, nous sommes mis dans l’ambiance avec l’enlèvement du  petit garçon, nous avons affaire à un récit sombre et terrifiant. D'ailleurs, à leur arriver dans le royaume du Croquemitaine les jouets sont aussitôt transformés, prenant ainsi une apparence beaucoup plus réaliste et surtout plus menaçante.
Les auteurs utilisent nos peurs d'enfant pour explorer nos angoisses d'adultes. Ce n'est donc pas une histoire destinée aux enfants, malgré les nombreuses références au monde du merveilleux.
 
Le scénario est assez sobre, mais se révèle très efficace grâce à la psychologie des personnages et la narration intelligente sans réel temps mort.
Mais la vraie force de cette BD, ce sont les dessins qui sont juste fascinants. L’illustrateur insuffle une propre identité à la série en choisissant une palette de couleur aux tons sépia, donnant une ambiance à la fois poétique et pesante.
 
L'étoffe des Légendes, mon coup de cœur BD de ce début d’année, est la rencontre entre Toy Story et Fables et nous offre une belle virée onirique dans le monde des jouets. La fin du premier tome nous laisse en haleine et nous espérons ne pas devoir attendre trop longtemps pour lire la suite.

mardi 6 mars 2012

Waterloo Necropolis

Waterloo Necropolis de Mary Hooper
Éditions les Grandes Personnes

Londres, 1861. Grace Parkes est une jeune orpheline de 16 ans qui tente de survivre avec sa sœur malgré leur pauvreté. Lorsque qu’elle embarque à bord de l’express funéraire Necropolis, en direction du cimetière de Brockwood, pour enterrer son enfant mort-né,
 elle ne se doute pas qu’elle y fera une rencontre décisive en la personne de Mr et Mrs Unwin, entrepreneurs de pompes funèbres, qui lui proposent de devenir pleureuse d’enterrement.
 D’abord réticente, la jeune fille se voit obliger d’accepter leur offre après qu’elle et sa sœur se retrouvent à la rue. Les deux sœurs vont devoir faire face aux manigances de cette famille peu honnête et vont découvrir le lucratif commerce des pompes funèbres.

Ambiance brumeuse du Londres du XIXe siècle, cimetières et pompes funèbres. Le décor est planté pour ce nouveau roman de Mary Hooper. On y retrouve tous les ingrédients du roman victorien typique entre orphelins, jeunes gens de bonne famille, prêteurs sur gage véreux et obscur brouillard londonien.

La différence avec les romans du genre, c’est qu’ici, l’auteur a choisi d’explorer un aspect mal connu, celui des surprenantes coutumes funéraires en vigueur à cette époque. Et, malgré ce sujet morbide, le roman est léger et vraiment drôle. Il  est porté par la détermination et le courage de Grace. On s’attache très vite à son parcours qui, par le talent d’une écriture soignée, emporte l’adhésion du lecteur dès les premières lignes.


Le réalisme de l’époque victorienne nous happe dans ce roman, on se croirait presque dans un roman de Dickens et c’est magique.